vendredi 21 septembre 2012

un post tant attendu....

... le tailleur...
Au Gabon, le tailleur est tout une institution... Meilleur ami des demoiselles comme des moins jeunes. Il tient entre ces mains l'élégance de toutes les femmes gabonaises. Ceux qui me connaisse doivent imaginer à quel point, je m'étais préparée à ce grand moment !
Quelques semaines après mon arrivée, j'enquête autour de moi, on me conseille un certain Diallo... Mais quand on en vient aux directions pour trouver son échoppe, tout devient compliqué!Vanina m'accompagne pour ma première fois, c'est mon initiation à ce dédale de ruelles constituant le marché de Franceville. J'essaye tant bien que mal de prendre quelques repères pour être capable de revenir une prochaine fois : on descend la rue des magasins de tissus, on traverse l'allée des mamas aux légumes (tout en leur promettant de passer les voir après), en arrivant sur l'étal du boucher, on prend à gauche, de nouveau dans le marché couvert, il ne faut pas se tromper entre les deux allées parallèles dessinées par les stands de taule, de bois et de tissus.





C'est celle de droite. Une fois arriver là, plus de doutes, l'échoppe de Diallo est sur la droite. Une pièce carrée recouverte de tissu, éclairée au néon s'ouvre devant nous.








 



 La télé dans le coin de la pièce joue une série télé en hindi, la qualité de l'image ne permet pas de lire les sous-titres.. Heureusement, les histoires d'amour télévisuelles étant les mêmes aux quatre du globe, la compréhension n'en est pas bouleversée.






Ils sont trois à travailler dans cet espace : notre Diallo, son collègue, Diallo et son collègue Zaccharia... Comme beaucoup de tailleurs, ils viennent d'Afrique de l'Ouest, de Guinée plus particulièrement pour eux trois.

Mais je précipite un peu le processus puisqu'avant de passer au tailleur, il faut bien sûr acheter un pagne. Un pagne est un coupon de tissu au format fixe. Il est normalement conçu pour pouvoir faire une jupe, un haut et un fichu dans les cheveux.... tout ça pour une maman africain. Conclusion ça me permet de faire 2 tenues complètes!







Une fois le tissu acheté, on revient donc voir notre ami Diallo. On s'assoit, le fauteuil s'affesse, on y est bien.
La première étape est immuable, comment ça va? Ça va bien. Et la famille ça va? La famille ça va. Et les amis, ça va? Les amis çà va. Et les sœurs ça va? les sœurs ça va... (Par simplification, toutes les femmes blanches sont soeurs...),....








On se décide à sortir le tissu que l'on acheté, et puis le modèle : cela peut être un vêtement déjà existant ou bien une image (dans ce cas le résultat n'est pas assuré).
Après avoir écouté d'une oreille nos explications, Diallo fait une moue sceptique, l'air penseur et pose quelques questions. Attention à ces questions, on a tout de suite une idée sur ce que vient de comprendre/ de ne pas comprendre Diallo. A défaut, il peut aussi te découper une petite maquette du tissu pour que tu puisses visualiser.
Il sort un cahier, sur la couverture duquel un cerf se balade en forêt, ouvre une page au hasard et commence à dessiner tout ce qu'on lui a raconté, note nos mensurations puis découpe des petits morceaux de notre tissu et les colle conscencieusement sur le dessin pour ce se souvenir du tissu qui va avec ce modèle. Le travail se complique quand plusieurs tissus se succèdent sur le même modèle.
Puis notre tissu va rejoindre la trentaine de ces collègues qui attendent déjà le travail de Diallo. En regardant ce monticule, on devient tout de suite sceptique quand il annonce un délai d'une semaine!

Au fur et à mesure des semaines et des samedis après-midi passés à menacer Diallo d'être très fâchée avec lui s'il ne rend pas le vêtement la semaine suivant. On finit par avoir nos petites habitudes : on ne fait presque plus attention à son accent ou à zozotement pourtant, les premières jours il était difficile de comprendre le mot Jupe derrière tous les zup' dont il nous rabattait les oreilles. Tout comme, son invitation à prendre un zu' qui ne prennait son sens qu'après avoir découvert qu'en Gabonais tout soda est jus.

On s'aperçoit assez rapidement qu'il ne commence à travailler sur nos affaires que lorsque l'on est présente. Il faut donc faire la conversation : la vie en Guinnée, la vie en France, le jour où il pourra acheter d'autres machines et recruter d'autres tailleurs pour travailler pour lui, la femme qu'il cherche,.... blabla Au détour des conversations, il essaye assez régulièrement de nous convaincre des bienfaits de la polygamie : " Non, mais tu sais, Marine, lorsque les deux rivales (= les épouses), elles s'entendent bien, bien, bien, bien, le mari, il est content. quand y en a une qu'a pas d'enfant, eh ben l'autre elle peut lui en donner...." Certes....
Il est aussi curieux de savoir comment ça se passe dans mon village, et comment travaillent les couturiers là-bas. J'ai été obligée de lui avouer que les couturiers n'ont pas beaucoup de travail...dans mon village... Je le réconforte en lui disant que ma grand-mère a été couturière.

Au bout de cinq mois, il nous laisse même l'immense honneur de garder la boutique pendant qu'il va à la mosquée. Entre temps, nous avons appris que lorsque l'on ne trouve pas Diallo dans son échoppe en journée, on ne rentre pas forcément bredouille, il suffit de revenir dans 10 min, et il est tout juste revenu de la prière.  Les gabonaises font une drôle de tête quand, en arrivant dans la boutique du tailleur, elle trouve une Blanche leur annonçant fièrement : "Diallo va revenir, il est parti à la prière. mais vous pouvez vous asseoir ici pour l'attendre". Quelques mois de plus et je leur proposais un Zu'.

Il y a aussi le fiston de l'autre Diallo qui passe souvent nous voir. Sa mère le laisse à la charge de son père quand elle travaille. Ce gamin a tellement l'habitude des hommes qu'il a peur des femmes. Blanche ou noire, Abou crie quand une femme veut le prendre dans ses bras ou lui faire des bisous, Abou est heureux quand son père et ses amis lui font les pires misères!



















Quelques fois il reste sage et regarde Papa travaillait mais quelques fois seulement....



Un bel épilogue sur le tailleur :
Quelques jours après être rentrée en France, repas de famille pour fêter ses retrouvailles. Un coup de téléphone en plein repas! C'est Diallo! Il venait prendre de mes nouvelles et de la famille et des amis et des soeurs.... etc.... De son côté, les nouvelles étaient bonnes aussi à part, qu'"il avait la paresse de travailler depuis que j'étais partie" ;-)



vendredi 7 septembre 2012

Visite d'un site de forage

Un soir, en semaine, nos amis géologues nous avaient proposé de venir visiter les forages de prospection qu'il faisait. Leur boulot est de trouver le minerai qu'on leur demande, d'en estimer la quantité et après les gestionnaires font plein de calculs pour faire si c'est rentable de creuser une mine. Après avoir observé les carte et déterminé les zones à inspecter, il n'y a plus qu'à faire des trous régulièrement pour voir ce qu'il y a sous la terre.

La zone à fouiller n'était pas loin de Franceville, sur la route vers l'aéroport, une piste en latérite plus tard, nous voilà arrivé sur le site d'une ancienne mine à ciel ouvert reconvertie en lac artificiel.



Les voitures passent à tout allure sur ces routes bien que la visibilité ne soit pas très bonne ce qui donne lieu à des panneaux de circulation assez rigolos!

La fine équipe de la visite admirant le paysage :




 En arrivant sur le lieu du forage, il fait déjà nuit et les machines font un bruit étourdissant

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Rémi en profite pour nous faire une leçon de géologie...
.... bien plus sympa qu'au collège!

Comme vous avez pu le constater obligation pour tout le monde de mettre son casque de chantier!

L'équipe au grand complet avec les gars du chantoer

Entant que gentleman nous finissons cette visite par un verre de thé bien chaud et sucré servi par le gardien du site qui est sénégalais! Miam Miam. Même dans la boue, le petit doigt en l'air s'il vous plaît!

mercredi 5 septembre 2012

1er mai... le jour des travailleurs


1er mai, au Gabon, comme dans beaucoup d'autres pays, on fête les travailleurs. Pour être honnête, en France, c'est un peu boring le 1er mai ... sauf évidemment si tu fais le pont et que tu en profites pour partir en vacances.
Au Gabon, l'évènement prend un twist intéressant... On fête le travail bien sûr mais aussi la fierté d'appartenir à une entreprise en particulier. Pour cela chacune des entreprises de Franceville va défiler à son tour sur le champ d'honneur de la ville devant les officiels : Maire de la ville, Gouverneur de la région, des militaires dont je ne saurai le grade,.... mais aussi devant la masse des voisins attroupés.

Pour l'occasion chaque entreprise offre à ses employés une tenue afin qu'il représente au mieux sa compagnie. C'est comme ça que nous avons chacun reçu notre pagne et notre polo assortis!

La journée a commencé au pas de charge, la première difficulté à été l'habillement. L'étape polo, ça va tout le monde maîtrise. Puis vient le pagne, l'objet inconnu pour la plus part des blanches qui se contentent de l'emmener au tailleur pour en faire une jupe. Là nous avons dû affronter directement le problème : un rectangle de tissu de 1,40m sur 2,50m + une paire de hanche = un pagne qui ne dévoilera ton derrière dans trois pas ... une équation pas facile à résoudre...
Bien sûr on a toutes l'habitude d'enrouler un paréo en sortant de la plage mais en étant objective :
 1/ un paréo ça tient pas bien longtemps
 2/ Le paréo est deux fois moins grand

Heureusement, Nancy est venue à notre rescousse. La plupart ont suivi les instructions à la lettre, d'autres se sont laissées à suivre leur inspiration... Observation dans les photos à suivre :



Un bus nous était même affreté pour que l'on aille jusqu'à la scène.
Deuxième erreur, croire que l'organisation se faisait à la française. Donc la logique selon laquelle se retrouver devant notre grille d'entrée 30 min avant le début supposé du défilé était clairement une erreur!
Ce n'est que une heure plus tard que le chauffeur et son bus arriveront. Au moins cela nous aura permis de faire des photos en chaîne, d'ajuster nos tenues et de travailler nos saluts. Eh ben oui parce que non contents de nous faire défiler devant des centaines de personnes il va falloir aussi les saluer telle Miss France. Un salut plein de sérieux, de dignité mais de sympathie aussi bien sûr.... L'entrainement se finira en fou rire général

Le bus et son chauffeur arrive enfin, la bonne humeur est toujours de mise


Il nous dépose sur le terrain des hostilités. La grande place/avenue de Franceville qui ne sert que pour les défilé.... c'est à dire 2 ou 3 fois par an (quand il y a des visites présidentielles). Encore un investissement bien rentabilisé quoi!
Les voisins arrivent pour ne surtout manquer le spectacle!

... Et puis on attend.... il fait chaud


... on attend... on discute avec les travailleurs d'autres entreprises... on attend




On va se promener dans les alentours ... On attend...  On rigole un coup un admirant cette publicité pour un opérateur de téléphonie mobile. [Entre nous, Qui sont les plus fous? Le groupe de musique qui choisit un nom pareil pour l'opérateur qui choisit ce groupe précisément pour faire sa pub?]... on attend...





On attend... On finit par savoir qu'un des officiels n'est pas encore arrivé... on attend.... on maudit ce gars qui parce qu'il a 3 épaulettes fait attendre 500 personnes en plein soleil de midi... on attend ...

Tout d'un coup, un signal silencieux lance le branle bas le combat. Il faut maintenant se dépêcher, c'est au tour du CIRMF de défiler. Dr Benjamin prend la direction des opérations. Plus vite que ça! On se met en ligne de 5 personnes...



C'est la bataille à celui qui ne sera pas en première ligne. Qui veut être le porte-étendard? Aucun volontaire; tout le monde tête baissée, s'intéresse à l'arrière du défilé.


 

Patrice arrive sur ces entrefaits et nous fait nous alignait par 4, re-branle-bas et re-combat pour les places à l'arrière. Finalement, les femmes doivent être devant les hommes derrières. Les filles font encore plus de simagrés pour ne pas être en première ligne......

Peu à peu la fureur se calme et trouve tous notre place. Je suis sur la 1ème ligne, tout à gauche.




D'un coin de l'oeil, je peux voir Moana en diagonale. Un échange de regard suffit à nous rappeler notre entraînement de Miss. C'est donc en contenant un fou rire que nous suivons la trouve qui se met en branle.

Le début de l'avenue, une zone d'entraînement, pas de spectateurs, pas d'officiel. On prend une allure commune. Au bout d'un vingtaine de mètres nous marchons finalement d'un pas commun. Devant l'avenue qui s'étend devant nous, je commence petit à petit à me rendre compte de la situation... Je suis donc en train de marcher avec un simple tissu noué autour de ma taille, un noeud dans les cheveux et au son d'une musique africaine... le tout devant 500 personnes. Plus moyen de reculer, il faut avancer. A ce moment là, la concentration dont je vais preuve doit, à elle seule faire tenir sur mes hanches sans qu'il tombe!



Les pensées défilent, la tribune se rapproche. Arrivés à proximité, une rumeur venue de l'arrière, où Dr Benjamin est allé se cacher; nous donne l'instruction de commençait à saluer. De nouveau échange de regard avec Moana, un grand sourire éclaire nos visages.




Sourire qui aura du mal à ne pas se transformer en fou rire quand le commentateur aranguera la foule à la gloire du CIRMF.
"Mais qu'elles sont belles, les femmes du CIRMF, mais qu'ils sont beaux les hommes du CIRMF! Applaudissez-les pour le secours qu'ils nous apporte dans le lutte contre le Sida-HIV! Merci pour leur travail contre le paludisme! Mesdames, et messieurs, ils nous protègent de ébola, applaudissez-les"

La fin de son discours signe la fin de notre calvaire, nous venons d'arriver à l'autre extrémité de l'avenue. La tribune est passée nous pouvons nous relacher et nous laisser aller au fou rire contenu jusque là... Peut-être devrons-t-on faire subir à nos chercheurs la même épreuve pour que le public s'y intéresse?
Le temps de revenir au point de départ du côté des spectateurs nous admirer les autres entreprises défilées.





Ce sera aussi l'occasion d'entendre les spectateurs murmurait sur notre passage. Pour les gabonais qui ne sont pas habituées à côtoyer les blancs, un blanc en pagne est le sommun du comique alors quand c'est une quinzaine qui leur passe sous le nez... imaginez l'hilarité!

Certaines iront même jusqu'à murmurer que ces pagnes ne sont nouées de façon très catholique... PFFF artiste incomprise que je suis!










Heureusement après autant de travail, nous serons récompensé... un repas buffet nous attend au CIRMF!